Edward Snowden, jeune homme
idéaliste, enthousiaste et fier de son pays, réalise son rêve en rejoignant la
CIA, puis la NSA. Il découvre, alors, au sein même de ces deux services de
renseignements, l’ampleur inattendue de la surveillance informatique qui est
mis en place. Malgré les lois en vigueur et la Constitution des USA, la NSA
collecte toutes les données possibles pour filtrer et surveiller toute la
planète. Avec le soutien des grandes entreprises, y compris contre ses
« alliés ».
Choqué par ses découvertes et
la violation de la vie privée, Snowden décide de rassembler toutes les preuves
et de les exploser à la vue de tous. Il devient un lanceur d’alerte et sacrifie
ainsi sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes décident de
le rencontrer à Hong Kong, dans une chambre d’hôtel, afin d’analyser les
preuves présentées par le jeune homme avant la publication. Ces révélations
seront l’un des plus grands scandales d’espionnage de l’Histoire américaine.
Ceci n’est pas un documentaire.
Ce n’est donc pas une variation du passionnant « Citizenfour » de
Laura Poitras paru en 2014. Ceci est un film, un biopic pour
être exact sur un homme ordinaire.
Oliver Stone a
hésité, assez longtemps, avant de plonger dans la réalisation de ce film. Il a
rencontré Edward Snowden de nombreuses fois à Moscou, où ce dernier est
« hébergé », afin d’en savoir plus. Il connaissait le documentaire de
2014 et l’histoire alimentée par les médias et les gouvernements, notamment, le
sien, les Etats-Unis d’Amérique.
Ses discussions
avec Snowden lui ont fait voir une autre facette du garçon assez transparent et
effacé que l’on peut voir dans les interviews données. Il semblerait qu’il y
ait eu suffisamment de feu sous la glace pour que Stone soit intrigué.
Après tout, Oliver
Stone aime creuser dans l’Histoire américaine ; Il aime mettre le doigt où
ça fait mal et où il peut dénoncer, expliquer, avec sa propre vision, montrer,
commenter ou tout simplement relater les faits, les attitudes et les travers de
son grand pays.
C’est un
passionné, qui aime son pays, mais qui a suffisamment de recul (et de culture)
pour ne pas croire en tout ce qu’il voit ou entend.
Ce film est donc
sa version de la vie d’Edward Snowden qui, en marge de sa dénonciation
mondialement connue, est aussi un homme, un ami, un fiancé, un type capable
d’humour et d’amour ; S’inspirant notamment du livre « The Snowden
Files » de Luke Harding, journaliste du quotidien The Guardian et de l’ouvrage
« The Time of the Octopus » de son avocat, Anatoli Koutcherena.
Stone dénonce dans
ce film une certaine hypocrisie des responsables politiques mise en lumière par
les lanceurs d’alertes qui ont dévoilé ce « monde souterrain hors cadre légal ». Sa mise en scène est
compréhensible et captivante et permet la réflexion au spectateur sur son
rapport à la liberté et à la vie privée.
Snowden se
retrouve être un révélateur du fait que les Etats-Unis ont mis en place un
système global, intelligent et technologique, afin de récolter des informations
auprès des gouvernements, des entreprises, des particuliers et ainsi contrôler
les données. Dans une certaine mesure, il fait penser, aux personnages Stonien
précédent comme le vétéran Ron Kovic (Né un 4 juillet) ou le Procureur Jim
Garrison (JFK).
Snowden est campé
par l’acteur Joseph Gordon-Levitt qui met bien en exergue le dilemme de ce
jeune homme sur son patriotisme : faire confiance à l’État ou mettre en
doute les décisions prises au nom de son droit de liberté. Il choisit alors de
dénoncer le système faisant exploser sa vie et le poussant à fuir son pays
accusé de haute trahison.
En tout état de
cause « Snowden » n’est pas le meilleur film d’Oliver Stone, ni son
plus mauvais ; Il est indispensable tant par la mise en scène (c’est un
bon thriller) que par le contenu et le sujet. Parce qu’à la vision de ce film,
on entend mieux les alertes formulées par certains qui disent que les États-Unis veulent à la sécurité et sont d’accord pour abandonner leur(s)
liberté(s), la liberté.
Les acteurs sont
bons (mention spéciale à Rhys Ifans, Joseph Gordon-Levitt et le revenant
Nicolas Cage) et le casting est relevé ; incluant, le vrai Edward Snowden,
dans son propre rôle, évidemment !
A la lumière de
ces révélations, on peut dire qu’Oliver Stone reste le réalisateur qui fourbit
toujours ses films à charge contre son pays, un pays qu’il aime malgré le fait
qu’il n’est pas aveugle (ou aveuglé).
Toutefois, il faut
souligner aussi que le réalisateur semble être obsédé par Edward Snowden et
romance beaucoup sa vie, sans trop de nuance, et qu’il évite l’interrogation,
légitime, sur l’acte propre du lanceur d’alerte. La lutte entre le bien et le
mal est blanc ou noir, il n’y a pas de gris, pas de contrebalance. Le « gentil »
héros contre le méchant Big Brother.
Si vous connaissez tout de l’histoire
d’Edward Snowden, ce côté romancé, très centrée sur la vie personnelle, sa
relation avec sa petite amie (aussi extravagante qu’il est raide) et sa naïveté face à la surveillance, peut vous paraître fade, sans
intérêt.
Dans le cas
contraire, cela peut être une bonne introduction au documentaire « Citizenfour » qui pose l’affaire et les conditions et est largement plus
paranoïaque et documenté.
En conclusion, à
l’instar d’un Ken Loach, sur le plan social, Oliver Stone est le poil à gratter
sur le dos de l’Amérique. Quoi qu’il fasse, Stone ne laisse jamais indifférent.
C’est donc à vous
de juger et d’en tirer les conclusions et votre camp : liberté ou sécurité
contrôlée.
--
Pour information
supplémentaire : Edward Snowden, âgé de 33 ans, est toujours recherché par
les autorités américaines, accusé d’espionnage, de vol de secrets d’Etat et de
transmission de documents classifiés (principalement aux journalistes Glenn
Greenwald et Ewen MacAskill).
Il vit actuellement en Russie, après avoir vécu
quelques semaines dans un bidonville de Hong Kong.
Réalisateur : Oliver Stone
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Shailene
Woodley, Nicolas Cage, Rhys Ifans, Melissa Leo, Zachary Quinto, Tom Wilkinson,
Ben Schnetzer, Scott Eastwood & Joely Richardson
Durée : 2h14
Sortie : 2 novembre 2016
crédits photos : warner/oliver stone
En association avec :
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