Friday, March 23, 2018

[Cinéma] Chronique cinéma : The Captain - L'Usurpateur - Robert Schwentke... Quand l'union fait le mal...




résumé officiel :
1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du IIIe Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats, ivres, multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. L’un de ces infortunés, Willi Herold, manque  d’être fusillé ; dans sa fuite, il prend l’identité, la vareuse et les médailles d’un officier de la Luftwaffe. En incarnant soudain l’autorité, cette proie devient le prédateur. Après avoir formé sa garde rapprochée, l’usurpateur multiplie à son tour les exactions dans un climat de folie générale.


Robert Schwentke, après les blockbusters américains dont deux films de la saga Divergente, revient en Allemagne avec un long métrage fort, brutal et dérangeant, dont l’histoire est inspirée de faits réels, tourné en noir et blanc, ce qui accentue le côté glaçant de cette descente vers l’absence de conscience de la victime devenu bourreau. 




Comme le stipule le début du film, le récit se déroule en Allemagne,  quelques semaines avant la fin de la guerre, et, d’entrée, Schwentke nous embarque dans l’épopée d’un jeune homme, traqué, dans un premier temps, et réduit à survivre en milieu hostile, qui, à la faveur de la découverte, dans une voiture, d’un uniforme nazi de capitaine (Hauptmann – The Captain), va prendre l’ascendant sur quelques soldats égarés et en déroute, jusqu’à gravir tous les paliers de la violence, happé par ce costume trop grand pour lui.


L’imposture de cet homme en fuite, ce Willi Herold, est telle que la nature du regroupement des soldats va se transformer en horde sans pitié, qui s’enfoncent dans une spirale de violence, avec à la tête ce Capitaine qui veut asseoir sa crédibilité afin de ne pas être démasqué. 


Herold est, pourtant, un jeune homme ordinaire qui, au lieu de se rendre invisible en pleine déroute, utilise son pays à l’agonie pour prétendre, exercer une autorité et juger de la vie ou la mort sur tout individu. 


Arrivé, avec ses camarades, sous la bannière d’une unité portant son nom !, dans un camp de détention, Herold est confronté à d’autres officiers, légitimes ceux-là. Les persuadant de sa mission « sur ordre personnel du Führer », Herold se révèle passer du traqué au traqueur, du puni au punisseur, en profitant, çà et là, pour piller le peu qu’il reste à son pays. Il devient alors un bourreau à la solde d’une cause imaginaire qui transporte toute la horde sur le chemin morbide, gavée de fêtes et d’excès. 


Le fait que le film soit tourné en noir et blanc, particulièrement magnifié par le directeur de la photographie, Florian Ballhaus, renforce le côté austère mais surréaliste, fascinant mais hallucinant de la chevauchée. Les explosions et la musique, impressionnantes, donnent le tournis et imposent au spectateur la peur qu’a ressenti le jeune homme traqué du début… surtout ne pas se faire prendre, coûte que coûte. 


Schwentke essaie de démontrer l’engrenage, aux travers de quelques scènes, du mécanisme nazi où entre folie et embrigadement, le fonctionnement n’offrait que deux alternatives : la soumission ou le suicide (se rebeller était signe d’internement en camps).



Ce film offre aussi l’opportunité de prendre conscience, non seulement des travers des régimes totalitaires passés, que certains endroits dans le monde actuel peuvent (sont…) basculer facilement. L’avertissement et l’appel à la vigilance du réalisateur semblent tourner vers le futur immédiat. 


Pour se faire, il suffit d’attendre le générique final pour observer, avec effroi et une gêne immense, les acteurs, en tenues et armes d’époque, se ruant dans une ville, de nos jours, bousculant les passants, et ne rencontrant pas de véritable résistance ! 


A noter les performances de Max Hubacher, dont le visage exprime à la fois l’angoisse et la hargne, Milan Peschel qui oscille entre la docilité et la suspicion, Bernd Hölscher à la rage aveugle, Alexander Fehling (toujours impeccable) d’une froideur terrifiante et glaciale et, Frederick Lau en chef de meute. 


Pour la petite histoire, ce film a obtenu le Prix de la photo, festival de San Sebastian, celui de l'audace 20 Minutes ainsi que le prix du jury jeune du Festival européen des Arcs.



Réalisateur : Robert Schwentke

Distribution : Max Hubacher, Milan Peschel, Frederick Lau, Bernd Holscher, Waldemar Kobus, Alexander Fehling, Britta Hammelstein, Sascha Alexander Gersak, Samuel Finzi, etc.

Durée : 118 minutes

Sortie : 21 mars 2018





No comments:

Post a Comment

N'hésitez pas... tous les auteurs aiment les commentaires....

Newsletters !

Les Archives

Le blog d'une ItemLiz Girl